DES TRAVAUX ET DES JOURS.
« Entrer dans la peinture d’Alexandre Lachaize
C’est faire chemin sur les rubans phylactères
Comme des voix-voies qui relient et saturent
L’espace.
Le chemin boucle, moutonne
Et l’on vagabonde en géographie
Sensible avec la patience de
L’escargot.
Puis au détour, rencontrer
Une figure marmoréenne
Ou voir, surgie en tout lieu,
CARA
Facétieuse gardienne des amibes.
Mais si l’on préfère ne pas suivre la voie
Tracée par l’orpailleur de beauté,
Saute-mouton, les deux mains dans la laine
D’une coulure couleur à l’autre. »
(Texte de présentation rédigé par Mme Corinne Dufraisse.)
Mon travail artistique se compose majoritairement de productions picturales (abstraites et figuratives) et de céramiques : ces deux pratiques se répondent et se nourrissent l’une de l’autre.
D’une manière générale, mon travail se caractérise par la lenteur, propice à l’introspection et à la mise en place d’un dialogue avec l’œuvre en cours. En début de travail, j’ai rarement une idée clairement définie de ce que sera le résultat final : c’est dans le temps long de création que l’œuvre se construit progressivement. Ainsi, je tends vers ce qui est laborieux, pour étendre toujours plus le temps de création.
En peinture comme en céramique, mon principe de composition est basé sur la prolifération et sur la libre association d’idées, mettant en place un chaos envahissant, un espace embrouillé jouant sur la fascination. La cohérence se dévoile par l’analogie, c’est-à-dire la ressemblance et le lien perçus immédiatement entre des objets de natures différentes. En ce sens, mon travail se réfère à une pensée « archaïque », « primitive » dans la mesure où la cohérence et la composition ne découlent pas d’une approche cartésienne et synthétique.
Cette méthode de composition aboutit à une interrogation sur l’espace, sur la topologie, sur la notion de continuité, sur ce qui sépare et ce qui relie. Ces interrogations se manifestent par exemple dans la tension entre le jeu des rubans qui creusent l’espace et la surface de l’œuvre qui s’affirme dans sa matérialité, ou au travers des plans qui s’enchevêtrent et créent des incohérences spatiales…
PEINTURE ABSTRAITE :
Mon travail pictural abstrait trouve son origine d’une part, dans l’intérêt que je porte aux rubans, aux phylactères dans la peinture (lieux de transmission de la parole) et d’autre part dans la découverte, il y a quelques années, d’images scientifiques de cellules extrêmement grossies, d’une beauté stupéfiante.
Ces peintures sont conçues sous forme de strates multiples, comme une superposition de différents plans et de différents matériaux. Les rubans viennent jouer entre ces plans, créant un espace et une profondeur souple. Les questions de densité, de grouillement, de pesanteur et de mouvement sont au cœur de ces images.
Ces peintures confrontent deux manières de peindre : les rubans, nets, précis, laborieux contrastent avec d’autres formes nées de procédés jouant sur l’étalement, la coulure, la pesanteur, la dispersion (…) où le hasard garde une certaine part.
Textes de Michelle Aldon à propos de mon travail de peinture :
– « A la fois transparence, légèreté et mouvantes couleurs joyeuses qui portent la vie comme des rubans d’algues au fil des courants ; mais aussi inquiétude et poids de fonds vaseux quasi nauséabonds et fétides, peuplés de monstres en décomposition dont ne restent que les yeux qui contemplent ce chaos infini et sans cesse renouvelé.
Quelque chose qui serait l’image saisissante et quasi magique de ce qu’est la vie et ce faisant la destinée humaine.
Déflagration première de lumière et de couleurs qui consume aussitôt la matière et la corrompt, se mouvant dans une sorte de liquide, ou air/éther, matriciel. »
– « C’est aussi le malaise de sentir à la fois le très chaud, l’irradiation, et le très froid, voire le glauque terrifiant peuplé de monstres à la Jérôme Bosch. Enfin les personnages semblent à la fois s’enfoncer dans cette matière et s’y absorber, dans le même temps que leurs membres, de manière quasi indépendante, cherchent à en sortir, jusqu’à s’extraire du “cadre”.
« Concrétions minérales
Remontées du magma primal
Affleurement tendre du végétal
Incandescence solide
Azur
Eperdument figé
Radicalité osée de formes bolides
Posées
Chaos de douleurs en couleurs
Rubans
De rose et de blanc
Lient
Et délient
Pierre et éther
Fini infini
Dessus dessous
Après avant
Faisant défaisant la substance à jamais silencieuse
Il attend là
Sous la surface profonde
Juste là
Un jour les rubans auront organisé le monde »
CERAMIQUE :
Je réalise des pièces de faïence représentant essentiellement des personnages, des portraits. Ces céramiques interrogent la représentation humaine sur différents modes : le totem, les formes organiques, la figuration picturale de l’être humain et le jeu des surfaces, qui, par le grain, les accidents et les tatouages rappellent un épiderme.
Ce travail s’enracine dans un jeu de tensions : le sensuel se reflète dans l’agressif, le précieux côtoie le barbare, le kitsch répond à l’épure, le primitif épouse le contemporain.
La peinture doit se chercher dans la sculpture pour que la sculpture se réalise.
En travaillant patiemment le détail, je vise cependant la monumentalité : ces formes totémiques cherchent à rappeler que l’on aura beau accumuler les figures, la figure humaine échappera toujours à la représentation, sauf sur le mode de l’énigme ou du vertige.
Des références à l’ici ou l’ailleurs se mêlent pour renaître sous formes d’évocations où leur familiarité se perd dans l’étrangeté de l’œuvre.
PEINTURE FIGURATIVE :
Mon travail au niveau des portraits et des autoportraits est une recherche de confrontation avec le modèle qui pourrait se décomposer en plusieurs niveaux :
– la recherche de la ressemblance, lieu d’apprentissage et d’étude des grands maîtres du genre.
– une volonté de créer une relation, une proximité, un dialogue avec le modèle se construisant dans la lenteur du travail. Dans la série des portraits de famille, j’ai ainsi, par exemple, essayé de tisser un lien avec des aïeux que je n’avais pas connus.
– les nombreux autoportraits, en lien avec un travail psychanalytique, présentent, signe d’un jeu, des factures volontairement différentes.
EXPOSITIONS :
Mon travail est visible à Vic le comte.
-Exposition collective « Alchimie Terrestre », centre d’art le Trampoline de Vic le Comte, du 2 Juillet au 13 Aout 2022.
-Exposition personnelle « Corps et décor », galerie Matière Grise, Ydes du 12 Juin au 12 Juillet 2021.
-Exposition collective dans le cadre des JEMA (Journées européennes des métiers d’art), Galerie Matière Grise / Marielle Granjard à Ydes, Avril 2021.
-Galerie Genivie, Paris, Printemps 2000.
-Exposition collective « Vœux d’artistes », Paris, Décembre 1999
-Exposition collective E.N.S. de Cachan, Juin 1994 et 1995.